Le désir, pour conduire sa vie ?
« Etre ou avoir, telle est la question », cette
maxime s’appliquerait-elle aussi au désir ? En effet, dans cette société
qui veut faire de chacun des consommateurs, la vision du désir se réduit bien
souvent, à la possession de l’objet. Le désir peut-il aussi jouer sur la
partition de l’être ?
Etre et avoir ? Avoir ou être ?

Quelle fragilité intérieure que de baser toute sa vie sur
cette volonté de maîtrise. Un objet extérieur, que l’on peut tenir dans ses
mains et manipuler comme on le souhaite est plus facile à contrôler qu’un objet
interne qui échappe à la prise. C’est une manière de confondre désir et
volonté. Derrière cette volonté de maîtrise se cache une angoisse devant la
vie, une angoisse que la vie ne nous donne pas la vie ?? Une angoisse
qu’il manque toujours quelque chose ? Or c’est bien le propre du désir que
d’être fondé sur le manque, un manque assumé.
L’objet du désir peut-il devenir interne ou reste-t-il
externe ? Externe, il demeure entre les mains et il est manipulé à la guise
par le possesseur des mains : aucune relation, aucune réciprocité
entre le possesseur des mains et
l’objet. L’être humain est alors vécu comme possédant aussi son corps pour
l’utiliser à sa guise. La relation entre l’objet externe et la personne est
alors une relation de pouvoir, de manipulation de l’un par l’autre. C’est une
relation de dépendance qui s’instaure
avec l’objet. A ce moment, il n’est plus question de désir mais de besoin.
Pourtant, le destin de cet objet du désir n’est pas de
rester externe. Son destin est au contraire d’être, petit à petit, internalisé.
L’objet prend un sens singulier pour le sujet qui alors habite son corps plutôt que de le posséder et
le manipuler. Un objet interne (que ce
soit une personne ou un attrait pour telle activité…) a sa source dans un
univers intérieur. Interne, l’objet a une influence sur le sujet du désir, une
relation s’établit où ni l’un ni l’autre ne peut posséder ni contrôler l’autre.
Le désir d’être n’est pas de l’ordre de la maîtrise, mais de
la confiance en la vie qui trace son chemin. La confiance dans ce lieu intime,
le Soi, source du désir et source de la
vie que tout sujet reçoit jour après
jour. Personne ne sait où la vie va le conduire, où le désir va le
conduire !!
Le désir ne serait-ce pas cette posture d’obéissance au
réel, cette attention qui sait tracer jour après jour le chemin dans un réel
inaltérable, cette boussole pour conduire sa vie au travers de tous les aléas ?
Car la définition du réel, de la réalité, c’est bien d’échapper. Il n’est pas
possible d’avoir prise sur la réalité, il faut composer avec ce qui arrive et
qui n’était pas prévu. Et alors le défi du désir consiste à tracer un chemin, à
faire de sa vie une œuvre d’art pour ne pas se laisser enfermer dans une
réalité difficile mais pour la transformer ! Quelle grande humilité à
travailler en soi pour ne pas se croire arrivée, pour être toujours en position d’apprendre de
la vie et des autres !
Le désir est un chemin d’humilité. Laisser parler son désir, c’est
tenir au plus près de la vérité qui est en soi, pour qu’elle nous aide à
conduire notre vie et à garder le cap.
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