
Pour pouvoir nommer les émotions, pour pouvoir trouver les mots les plus appropriés, il nous faut d’abord commencer par nous faire une représentation de ce qui se passe en nous ! Qu’est ce qu’une représentation ? C’est une image, une idée qui va venir à la place d’une émotion, remplacer une expérience vécue, pour lui donner existence. Nommer, c’est donner existence à ce que l’on nomme. Cette représentation va donc permettre que le vécu, les sensations éprouvées par le corps puissent être humanisées, qu’elles puissent prendre sens dans la vie de la personne. Donner existence à l’émotion et la nommer va faire en sorte que cette émotion ne nous traverse pas sans qu’on en prenne conscience. Mais si nous en restons aux émotions, celles-ci nous affecterons sans que nous ne sachions ni comment ni pourquoi. Nous ne pourrons pas en faire une expérience humaine car nous les éprouverons sans les faire nôtres.
Comment le bébé fait-il pour
passer des émotions dont il est traversé et qu’il ne peut pas nommer à une
représentation de ce qui se passe en lui
d’abord, et en l’autre ensuite ? C’est l’expérience de la perte et de la
possibilité de représenter cette perte, d’abord par un objet, puis par des mots
qui lui permet de faire ce passage et ce
n’est jamais terminé ! Dans les premiers moments de l’existence, le corps fait
l’expérience de sensations, d’émotions qui dans le meilleur des cas vont
laisser une trace dans la personne, une empreinte de l’expérience vécue. Mais
ces émotions peuvent être tellement envahissantes parce que personne n’est là
pour étayer cette construction d’un sens à ce qui se passe dans l’intériorité
du sujet, que la question se pose : que faire avec toutes ces
sensations ? L’expérience peut être destructrice, comme un puits sans fond
qui peut happer vers l’angoisse et le non-sens.
Avant de pouvoir s’exprimer avec
des mots, chaque personne a déjà pu faire l’expérience d’une présence qui
pouvait se manifester par des gestes, des paroles, par une attention à ce qu’elle pouvait vivre. Les mots ne pourront jamais dire vraiment l’objet
qui manque mais ils peuvent lui donner existence. Les mots indiquent juste la
place d’un objet qui n’est pas présent au moment où j’en parle.
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