Expérience de l'altérité
«Reconnaître
sa mère comme un objet total signifie pour nous que cela diffère aussi bien des
relations d’objet partiel que des relations d’objet clivé : en d’autres
termes, non seulement le nourrisson se situe de plus en plus par rapport au
sein, aux mains, et aux yeux de sa mère qu’il voit comme des objets séparés de
lui, mais il la reconnaît aussi comme une personne totale, qui peut être
parfois bonne, parfois méchante, tantôt présente, tantôt absente et qui peut
être aussi bien aimée que détestée. Il commence à voir que les sensations
bonnes ou mauvaises ne proviennent pas d’un bon et d’un mauvais sein ou d’une
bonne et mauvaise mère, mais d’une même mère, source en même temps de ce qui
est bon et de ce qui est mauvais … Reconnaître sa mère comme une personne
totale signifie aussi la reconnaître en tant qu’individu qui mène une vie
propre et a des rapports avec d’autres personnes. Le nourrisson découvre sa
détresse, son extrême dépendance de la mère et la jalousie envers les
autres. »[1]
C’est
la première façon de faire l’expérience de l’altérité, altérité de cet autre
qui paraît si proche qu’est la mère. Ce n’est pas si simple et cela ne se passe
pas toujours comme un long fleuve tranquille ! Bien souvent, l’écoute des
personnes nous montre combien cette expérience est loin d’être intégrée de
manière aussi sereine que pourrait le laisser entendre la description de ce
processus. Et le travail n’est jamais terminé, il est toujours à reprendre pour
ne pas confondre l’éprouvé d’une relation avec un ressenti d’un moment donné. Pour éviter le piège de la dichotomie où tout est noir ou blanc mais jamais gris.
Reconnaître
en soi l’amour et la haine et leur donner leur place permet de passer à un
amour qui reconnaît l’altérité. Une altérité qui
va toujours nous déloger de ce que nous croyions savoir. Une altérité qui
nous emmène toujours au-delà de ce que nous pensions savoir.
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