mercredi 20 novembre 2013

Expérience de l'altérité



Expérience de l'altérité

«Reconnaître sa mère comme un objet total signifie pour nous que cela diffère aussi bien des relations d’objet partiel que des relations d’objet clivé : en d’autres termes, non seulement le nourrisson se situe de plus en plus par rapport au sein, aux mains, et aux yeux de sa mère qu’il voit comme des objets séparés de lui, mais il la reconnaît aussi comme une personne totale, qui peut être parfois bonne, parfois méchante, tantôt présente, tantôt absente et qui peut être aussi bien aimée que détestée. Il commence à voir que les sensations bonnes ou mauvaises ne proviennent pas d’un bon et d’un mauvais sein ou d’une bonne et mauvaise mère, mais d’une même mère, source en même temps de ce qui est bon et de ce qui est mauvais … Reconnaître sa mère comme une personne totale signifie aussi la reconnaître en tant qu’individu qui mène une vie propre et a des rapports avec d’autres personnes. Le nourrisson découvre sa détresse, son extrême dépendance de la mère et la jalousie envers les autres. »[1]

C’est la première façon de faire l’expérience de l’altérité, altérité de cet autre qui paraît si proche qu’est la mère. Ce n’est pas si simple et cela ne se passe pas toujours comme un long fleuve tranquille ! Bien souvent, l’écoute des personnes nous montre combien cette expérience est loin d’être intégrée de manière aussi sereine que pourrait le laisser entendre la description de ce processus. Et le travail n’est jamais terminé, il est toujours à reprendre pour ne pas confondre l’éprouvé d’une relation avec un ressenti d’un moment donné. Pour éviter le piège de la dichotomie où tout est noir ou blanc mais jamais gris. 


Reconnaître en soi l’amour et la haine et leur donner leur place permet de passer à un amour qui reconnaît l’altérité.  Une altérité qui va toujours nous déloger de ce que nous croyions savoir. Une altérité qui nous emmène toujours au-delà de ce que nous pensions savoir.




[1] H Segal Introduction à l’œuvre de Mélanie Klein, Paris, PUF, 1969, p 52

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