Visiter Auschwitz, c’est accepter de
faire face à la haine, la haine de l’humain par l’humain, la haine des autres,
mais aussi sa propre haine. Visiter Auschwitz, c’est se laisser toucher par la
haine sans limites, mais aussi prendre conscience que la haine se joue dans les
détails de la vie quotidienne. En sommes-nous, en suis-je exempts ?
Ce déchaînement de haine, cet avilissement
de l'humain, provoque en moi à la fois une grande tristesse et une révolte.
Mais de quoi parle t’elle cette haine si
ce n’est de ce qui me blesse et que je veux rejeter hors de moi. La
haine ? D’abord une défense contre ce qui me fait mal et m’atteint au
cœur. En effet garder en moi ce qui me blesse ne pourrait que me détruire et m’amener vers la mort. Si elle
ne peut que me détruire intérieurement, alors le mouvement suivant est un
mouvement de survie. Dois-je faire mourir l’autre plutôt que moi-même ? Que
faire avec cette blessure ?
La nier ? C'est lui donner encore
plus de force pour continuer à agir dans le secret. Ce secret est son allié. Il
lui permet de faire son travail de sabotage dans la clandestinité. Sabotage de
la vie, du désir de la relation.
La combattre ? C'est risquer
d'user toutes ses énergies dans une position de défense, c’est risquer de faire
du sur place ou même de perdre du terrain. Est-il possible de ses propres mains
de ses propres forces d'en avoir le dessus ?
La traverser ? Peut-être en toute
humilité. La traverser en cherchant à avancer, en essayant de mettre des mots,
de la faire parler avec ceux et celles qui la provoque en moi. La faire parler
de ce qui me fait mal, pour lui permettre de passer à l’arrière-scène. La faire
disparaître surement pas, car elle est un moyen de défense. Quand elle est là,
elle cherche à prendre toute la place, elle attire tous les regards,
fascination ? Peur ? Alors petit à petit, chercher à lui donner une
place qui ne soit plus la première, lui interdire d’occuper tout l’espace.
Comment inviter à traverser ?

Ensuite, le deuxième pas pourrait être
d’avancer dans mon rapport à l’autre. Qu’est-ce que je recherche ? Est-ce
que je recherche ce qui me ressemble ? Ce qui va me conforter dans ce que
je vis déjà ? Ou bien suis-je ouvert(e) à découvrir le nouveau qu’est l’autre,
celui/celle qui est différent ? Celui/celle qui va me bousculer ?
Celui/celle qui va peut-être m’obliger à changer ma vision de la vie, à changer
mon rapport au temps, à changer mes manières d’être et de vivre ?? C’est
de la relation que la vie va pouvoir émerger.
Tout un chemin à parcourir se dessine,
pour traverser la haine et marcher vers la possibilité de la relation avec l’autre.
Tout un chemin à parcourir pour passer de la survie par la destruction de l’autre à la vie par la relation à l’autre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire