vendredi 28 juillet 2017

Auschwitz

Visiter Auschwitz, c’est accepter de faire face à la haine, la haine de l’humain par l’humain, la haine des autres, mais aussi sa propre haine. Visiter Auschwitz, c’est se laisser toucher par la haine sans limites, mais aussi prendre conscience que la haine se joue dans les détails de la vie quotidienne. En sommes-nous, en suis-je exempts ?
Ce déchaînement de haine, cet avilissement de l'humain, provoque en moi à la fois une grande tristesse et une révolte.
Comment faire pour que cela ne se reproduise pas ? L'éducation est nécessaire mais suffira-t-elle ? Si elle est seulement une invitation à voir et à craindre la haine chez les autres alors elle aura une portée très limitée. Si elle ne va pas jusqu’à la perception de la haine qui me traverse et même m’habite, elle risque d’être  superficielle et ne pourra pas faire changer les choses. Le changement commence par soi comme les gouttes d’eau dans l’océan. Si chacun n’est pas conscient de sa propre  responsabilité quotidienne, que pourrons-nous construire ? D’ailleurs ne voyons-nous pas la haine continuer à se déchaîner autour de nous, à travers le monde ? Alors comment l’empêcher de continuer à faire son œuvre de destruction ?

Mais de quoi parle t’elle cette haine si ce n’est de ce qui me blesse et que je veux rejeter hors de moi. La haine ? D’abord une défense contre ce qui me fait mal et m’atteint au cœur. En effet garder en moi ce qui me blesse ne pourrait  que me détruire et m’amener vers la mort. Si elle ne peut que me détruire intérieurement, alors le mouvement suivant est un mouvement de survie. Dois-je faire mourir l’autre plutôt que moi-même ? Que faire avec cette blessure ?

La nier ? C'est lui donner encore plus de force pour continuer à agir dans le secret. Ce secret est son allié. Il lui permet de faire son travail de sabotage dans la clandestinité. Sabotage de la vie, du désir de la relation.

La combattre ? C'est risquer d'user toutes ses énergies dans une position de défense, c’est risquer de faire du sur place ou même de perdre du terrain. Est-il possible de ses propres mains de ses propres forces d'en avoir le dessus ?

La traverser ? Peut-être en toute humilité. La traverser en cherchant à avancer, en essayant de mettre des mots, de la faire parler avec ceux et celles qui la provoque en moi. La faire parler de ce qui me fait mal, pour lui permettre de passer à l’arrière-scène. La faire disparaître surement pas, car elle est un moyen de défense. Quand elle est là, elle cherche à prendre toute la place, elle attire tous les regards, fascination ? Peur ? Alors petit à petit, chercher à lui donner une place qui ne soit plus la première, lui interdire d’occuper tout l’espace.

Comment inviter à traverser ?
Peut-être d’abord en regardant en face ce que je suis en train de vivre sans chercher à correspondre à « ce qu’il faut être », sans chercher d’abord à donner une belle image de moi-même. Prendre en considération mon vécu pour justement ne pas m’y enfermer. En effet, ne pas vouloir le voir c’est être contraint d’y rester enfermé. Le voir c’est chercher à construire ce qui va me permettre d’en sortir.
Ensuite, le deuxième pas pourrait être d’avancer dans mon rapport à l’autre. Qu’est-ce que je recherche ? Est-ce que je recherche ce qui me ressemble ? Ce qui va me conforter dans ce que je vis déjà ? Ou bien suis-je ouvert(e) à découvrir le nouveau qu’est l’autre, celui/celle qui est différent ? Celui/celle qui va me bousculer ? Celui/celle qui va peut-être m’obliger à changer ma vision de la vie, à changer mon rapport au temps, à changer mes manières d’être et de vivre ?? C’est de la relation que la vie va pouvoir émerger.


Tout un chemin à parcourir se dessine, pour traverser la haine et marcher vers la possibilité de la relation avec l’autre. Tout un chemin à parcourir pour passer de la survie par la destruction  de l’autre à la vie par la relation à l’autre.

 

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